SORTIE RAQUETTES 2016
Vendredi 04 mars 2016
Au bout de la route les Eaux Chaudes, en attendant c’est la douche froide ! la pluie tombe à seaux d’Agen à la Vallée d’Ossau. Coincée entre deux parois élevées, la « Caverne » paraît être le seul lieu animé tant l’endroit est isolé. A peine la porte poussée, de notre gîte-auberge surgit une musique sixties qui nous donne tout de suite l’envie de bouger. Une patronne très avenante, un cuistot-patron aux bras tatoués, le décor est planté … mais au moment de l’installation nous n’avons pas encore découvert les goûts de la maîtresse de maison. Dans la salle à manger, du carrelage vert du sol au plafond, sur un guéridon trône un gros lapin en céramique vert joyau d’une collection baroque qui fait la fierté de sa propriétaire. Près du bar, un pèlerin en bois tellement imposant que sa présence provoque à chaque fois qu’on l’approche un sursaut d’étonnement.
Nos dortoirs respectifs repérés, sous les yeux de la garde cunicole nous est servi le dîner. Tenus en haleine par un reportage glacial à la télé, nous attendons le reste du groupe pour le saluer. Tout le monde est bien arrivé, nous partons nous coucher.
Samedi 05 mars 2016
Au petit déjeuner, les habitués commencent à discuter, les nouveaux commencent à s’intégrer. De ces derniers, il y a notre jeune couple, Amélie et Olivier, leur seule exigence «avoir des lits à côté et non pas superposés» !! Il y a également Michel, précédé d’une réputation de randonneur effréné. Bonnet rouge à la Capitaine Cousteau, collants de sportif de haut niveau, une seule anxiété : sa première fois avec des raquettes aux pieds !
Dehors la route est mouillée, la neige commence à tomber. Mais pour raquetter il faut s’élever. Doucement mais sûrement, la route commence à glisser, la voiture de Claude Sar. à se trémousser, nous atteignons un parking d’où démarre la liaison pour le Lac Bious-Artigues. Trois hommes, étrangers à notre groupe, se croient obligés de nous paniquer en nous indiquant que le passage est risqué. Faisant fi de ces « recommandations » anxiogènes, nous passons devant les panneaux avertisseurs de danger et attaquons la route enneigée. Les flocons se font de plus en plus épais, les branches des arbres sont toutes décorées, et même qu’il faut quitter une pelure car l’effort commence à réchauffer les corps. Fabienne faiblit mais ne rompt pas, son petit déjeuner est trop vite passé… Il est midi, la digue du lac apparaît, pour le plus grand nombre il est temps de pique-niquer. Avant de s’installer sous des grands sapins aux branches courbées, Claude Sal. propose un jeu d’enfant et en fait la démonstration le premier : s’étaler dans la neige la tête la première les bras écartés. Point de second il y eut, à cet instant le groupe ne voulait pas jouer… mais plutôt manger et se réchauffer !! Il ne fallait pas rêver, l’abri mouillé ne nous a pas protégés, l’arrêt a vite été abrégé. A ce moment-là, scission : les moins motivés et les plus fatigués repartent, tandis que les moins éprouvés décident de faire le tour du lac. Jean-Marie O., carte et gps en mains, fait la trace. Au loin un renard à la queue imposante s’enfuie devant l’approche de notre horde bruyante. Le bout du lac est dépassé et nous commençons à nous éloigner. Un peu de hors piste et nous voilà revenus dans le droit chemin. Sur un pont enjambant un torrent gelé, tous transis, Claude Sal. nous présente Sarko … tellement petit qu’il le sort de son sac à dos ! dans un flasque à l’effigie de Sarkozy, nous buvons chacun à notre tour une gnole prune/amande si réconfortante qu’elle a un goût de reviens-y ! Même pour Michel qui se surprend à boire de l’alcool sans le savoir. Si ce matin, l’on a plutôt grimpé, cet après-midi il faut dévaler. Et là, le matériel de Michel ne répond plus ! des chutes successives, ce n’est pas de sa faute à lui, bien sûr, mais à ses raquettes qui pètent !
Retour à La Caverne, les premiers revenants sont déjà installés au comptoir, rejoints très bientôt par le deuxième débarquement qui se réconforte en mangeant un gâteau des Rois datant de l’Epiphanie !
Dans le dortoir, le jeune Olivier à la peau délicate boitille, une ampoule le titille. Jean-Claude, boîte à outils à la main, intervient, un Compil devrait faire l’affaire avant qu’elle n’éclaire et devienne cratère.
En attendant le dîner, un tournoi de belote est organisé … depuis plusieurs années Claudette est toujours en formation, Michel se la joue modeste alors qu’il n’a vraiment pas besoin d’initiation … et comme toujours, ce sont surtout les plus chanceux qui gagnent… et peut-être aussi ceux qui jouent le mieux.
Ce soir, Alain a envie de chanter. Après le repas, rendez-vous est donné dans le grand dortoir pour répéter. Au bout d’une chanson, faute de chanteurs motivés mais surtout fatigués, le récital s’interrompt, Alain replie ses partitions !
Dimanche 06 mars 2016
Cette nuit, c’est vraiment tombé ! sur le sol la neige est restée, même si les engins ont déneigé, il faut sortir le plan B. Pas question d’aller au cirque d’Anéou, pour sécuriser il faut aller au plus près. Direction Goust et pourquoi ne pas viser le plateau de Lusque ou de Besse, sous le Pic de la Gentiane, cela devrait pouvoir se réaliser ! Un groupe de bordelais est en train de se garer, nous nous alignons derrière leurs véhicules et partons, raquettes sur l’épaule, rejoindre le début du sentier. Quelques kilomètres à pied ça suffit pour chauffer les corps et les pensées. Jean-Marie O. bougon « on aurait pu éviter tout ce goudron ». L’atmosphère est calme mais pas très détendue. La montée dans la forêt est fabuleuse, les arbres couverts de leur blanc manteau nous font la révérence, frondeurs de la neige ils nous balancent, d’un balcon la vallée s’offre à nos yeux envoutés, le groupe de bordelais rattrapé les garçons de notre groupe se relaient pour tracer. A chaque pas, malgré les raquettes, ils s’enfoncent jusqu'aux mollets, nous derrière nous n’avons plus qu’à bien viser les traces pour avancer. Chapeau les costauds ! Il est midi, après s’être égayés dans la poudreuse du plateau de Lusque, nous décidons de nous arrêter au pied d’un relais télé pour manger. Jean-Marie O. veut continuer, Alain pris par l’ivresse des cimes, le renvoie dans l’abîme. Pique-nique lourd et silencieux, après la tempête un peu de répit grâce au génépi de mon sac sorti. La descente est aussi belle que la montée, et pour se quitter sur une note enchantée nous repassons par la Caverne pour trinquer à notre santé.
Récit d’Annie, marcheuse d’Accro Rando