Le parking de Conforama, tout commence là. 

Jeudi 1er mai –  point de défilé, point de jour chômé, les randonneurs d’Accro Rando motivés partent groupés, destination le Cantal, plus exactement Le Falgoux, plus précisément La Chaze. Avant d’arriver à bon port en fin de matinée, visite de Figeac, ses ruelles, sa place aux maisons typées … et ses vendeurs de muguet ! Le gîte, maison cossue de la Région, est bien aménagé … et même garni. Les frigos débordent de denrées, tout est pensé, tout est étiqueté,  du petit déjeuner au dîner, nous ne risquons pas nous tromper … surtout nous ne risquons pas  la pénurie, plutôt la boulimie !

Dehors, le temps n’invite pas à la balade, tant pis, nous en avons trop envie, nous enfilons les capuchons et  à la conquête du Puy Mary nous partons.  Une seule voie accessible, la route, deux cyclistes nous assurent que nous pouvons y aller et les voilà repartis vers un autre sommet. « Ils montent comme moi je descends » dit Francis en les regardant s’éloigner.  Dans le brouillard nous ne voyons que nos pieds et les névés. Arrivés sur une terrasse où nous imaginons le panorama par temps ensoleillé,  il fait tellement froid que nous redescendons à grandes enjambées.  

Premier dîner d’une série gargantuesque, une choucroute tellement démesurée  qu’au bout de 4 jours il en restait ! Question de digérer avant de se coucher, Bernard sort sa gnôle … un petit gorgeon, c’est trop bon ! Tandis que certains se retirent, d’autres tapent le carton. Les plus entraînés à la belote font une drôle de tête,  Claudette qui apprend à jouer, ne fait que gagner. La vie est injuste, ce sont les plus chanceux qui mènent le jeu !

Vendredi 2 mai –  le rideau levé, l’horizon est bouché, il fait mauvais, la seule chose à faire visiter Salers.  Au petit déjeuner, entendre Alain prononcer « pique nique » au lieu de « picnic» amuse beaucoup Françoise qui se met à l’imiter. Avec son air parisien,  le contraste  est encore plus marrant, l’accent occitan lui va comme un gant !

Salers se glorifie d’être le plus beau village de France. C’est incontestable, le lieu est remarquable, malgré le temps frisquet et l’humidité. Les plus courageux battent le pavé, les plus frileux se réchauffent dans un café. A proximité de là, nous visitons la cave de Salers où nous faisons notre marché. Satanée météo, il ne fait toujours pas beau ! au gite nous revenons et pique-niquons. Après-midi rebelote pour les plus acharnés … et Claudette continue de gagner !!  Les plus animés bravent la tempête et vont salir leurs souliers ; deux garçons survitaminés partent à la conquête du Roc Merle, rocher qui nous surveille depuis notre arrivée. Comme si nous n’avions pas assez à manger, pas question de rater la visite du Salon des Sites Remarquables du Goût qui se tient actuellement à Salers. Sur la route du retour, l’imprévisible Bernard rebrousse chemin,  il a vu une fermière dans le pré et veut savoir pourquoi dans les troupeaux le taureau est blanc alors que les vaches Salers sont toutes acajou foncé.  Il est content, il a sa réponse : il est blanc parce qu’il est plus performant !

Comme à l’accoutumé, l’apéro Accro Rando coule à flot,  Bernard nous avoue alors  un secret : il est sourcier. Le défi lui est lancé : qu’il le prouve !  Un pichet d’eau, une bague, un bout de ficelle, il se concentre, le pendule commence à tourner … nous sommes assez stupéfaits ! Plusieurs d’entre nous font  un essai, le pendule reste raide comme un piquet. Notre magicien prend nos bras en mains et voila que la ficelle s’excite,  maintenant il n’y a plus d’ambigüité cet homme est pénétré !

Et si on passait à table ! ce soir truffade ! un plat plus gros que tous nos estomacs réunis,  rien qu’à le regarder on grossit ! Lourds et lents nous montons nous coucher, demain il faut se lever dès potron-minet,  une rude journée nous est assurée.

Samedi 3 mai – le ciel est dégagé, 8 h 15 tapantes nous partons … sans savoir à quelle heure nous rentrerons ! Nous grimpons, nous grimpons, direction le Puy Violent à plus de 1600 m d’altitude. Pour l’atteindre, c’est le cas de le dire, il faut se faire violence. Le soleil est de la partie … et le vent aussi ! Il fait si froid qu’à un moment, sur une arête, le groupe joue le remake de la Marche de l’Empereur en se serrant les uns contre les autres comme les manchots pour avoir chaud. Au loin des meutes de chamois apeurés, des névés traversés, des torrents échevelés, des prairies détrempées, le sommet est atteint, comme à l’accoutumé embrassades générales pour nous féliciter. 16 nous sommes partis, 16 nous sommes arrivés, bravo Accro Rando, nous sommes tous des héros ! A l’abri de quelques rochers affleurant  nous pique-niquons rapidement. Comme il est difficile de reprendre le rythme après l’arrêt. Les dos sont courbés, sur nos bâtons appuyés doucement mais sûrement nous grimpons. La dernière montée de la journée est carabinée. Le moment de redescendre est arrivé, quelques forces retrouvées, encore des névés piétinés, le plus court chemin étant la ligne droite, pas de problème les tournants sont contournés, au risque de dégringoler tellement les bois sont détériorés. A l’invitation de Claude, Francis dévie son sentier pour faire le tour de sa propriété la bien nommée :  le Roc Merle.  Quant aux autres, ils rentrent au bercail par le goudron. Comme c’est long ! Plus l’on marche, plus l’on s’éloigne, un dernier chemin inondé par le torrent à côté, il est 19 h 15 lorsque nous arrivons. 11 h sur les pieds, comme dit notre Président  « vous m’épatez ! ».  Même si le temps perdu ne se rattrape jamais, on peut dire qu’aujourd’hui  le programme était surdosé  … et en plus, pour ça, on a payé ! Un petit vin sucré, une douche brûlante, il n’en faut pas plus pour être requinqués. Répondant à l’appel de l’apéro, tout le monde est là pour déguster les excellents toasts au foie gras « Clau» accompagnés du vin blanc « Accro ». Ce soir encore, Bernard est la star, il se dit mentaliste. Avec la complicité de sa Miroska, notre Mir de service nous fait une démonstration … devant notre scepticisme, et par amitié pour nous ou peut-être par pitié pour notre crédulité, il nous avoue son secret, point de don nous sommes tous des pigeons !

Surtout ne pas rester sous-alimenter, encore ce soir nous sommes gavés … et comme s’il n’y en avait pas assez, Bernard nous sort de derrière les fagots un bocal de pruneaux à l’eau de vie ! A tomber … Pour cause de participants fatigués, le concours de belote est annulé.

Dimanche 4 mai – Hier nous avons investigué la rive droite, ce matin c’est la rive gauche. En bas les voitures sont givrées, les flaques d’eau sont gelées, en haut le vent n’est pas calmé, anoraks, bonnets, gants, telles sont nos tenues de marcheur printanier.  Nous grimpons sur un sentier dégagé, en cette période la montagne n’est pas encore  fréquentée, la seule belle apparition du moment : un groupe de jeunes éphèbes légèrement vêtus qui ne font qu’une bouchée des mamelons pointus. Au loin le Plomb du Cantal, plus près le Puy Mary, le paysage nous incite à la contemplation. En haut d’une barre rocheuse, bien à l’abri du vent, devant un panorama unique, nous nous posons pour le pique-nique.

C’est le moment de mettre un terme à notre séjour, comme d’habitude, ce fut une réussite … une seule envie, la prochaine fois … nous entendons déjà notre Président dire « on enchaîne » « on enchaîne ».

 

Récit d’Annie, marcheuse d’Accro Rando